LA MISE EN SCENE DE MADAME DE LA MOTTE ET DU CARDINAL DE ROHAN
Nous verrons que, dans cette affaire, madame de la Motte va jouer un grand rôle, les intrigues et sa sincérité vis-à-vis de la reine sont particulières. Mais revenons au prince de Rohan et reprenons le cours normal.
Le prince de Rohan c’est une figure empreinte de dignité, une forte dose d’ambition, de l’esprit, une âme envahie par la soif de voluptés, un penchant décidé pour le faste. Il fut nommé successivement : Grand aumônier de France, Cardinal, abbé de saint Vaast d’Arras, proviseur de la Sorbonne. La reine avait monté contre lui une haine, à la suite de ces nominations, dont elle ne fut pas consultée. De plus Louis de Rohan était un personnage : maladroit et indiscret. Il fut repoussé un bon nombre de fois par la reine et ses espérances commençaient à s’éteindre, quand une circonstance imprévue le ranima.
Une femme lui a été présentée, qui descendait en ligne directe, par les comtes de Saint-Rémy, du roi Henry II et portait conséquemment le nom de le Valois. Cette femme était très douée, très intelligente, sachant manier le chaud et le froid d’une façon déconcertante, mais aussi très vénale. Elle savait jouer de sa beauté pour obtenir ce qu’elle voulait : une Mata- Hari d’avant-garde, de par ses diverses relations.
Ses ambitions étaient t’elles, qu’elle arriva à se séparer de son officier de gendarmerie, et d’épouser le comte de la Motte, qui dans le passé avait servi dans la gendarmerie. Le père de madame de la Motte, se trouvait avoir dispersé les débris de l’opulence héréditaire ; il dut vendre ses domaines et il partit définitivement abandonnant dans un panier sous les fenêtres d’un fermier voisin, le plus jeune de ses enfants. Trainant avec lui deux autres enfants et sa femme enceinte ; il gagna Paris, puis Boulogne. Il mourut comme un vagabond, laissant en héritage un parchemin qui allait être d’une grande importance pour madame de la Motte par la suite. Ce parchemin attestait la descendance par le sang du roi Henry II
Les enfants ne furent pas délaissés, la marquise de Bougainvilliers, touchée par la détresse des petits, les recueillit et les éleva. Grâce au parchemin laissé par son père, et suite à une enquête d’identité, madame de la Motte, avait obtenu de la part du roi une rente de 800 livres par mois.
M de Rohan à la suite de son histoire, se laissa charmer. Il devint le bienfaiteur de la jeune comtesse et son ami. Il ne tarda pas de la prendre pour confidente. Déjà protégée de madame Elisabeth, elle aspirait à une protection plus haute, elle cherchait l’appui de la reine et de faire partie de son cercle. Le cardinal encouragea madame de la Motte dans cette démarche, car tous deux avaient un intérêt commun.
La reine l’avait remarquée et avait désiré de la revoir. Le temps d’attente fut très court, car la reine revit la jeune comtesse dans une intimité très secrète. Etait-elle devenue l’amante de la reine, probable, mais jusque-là rien ne le certifie, tellement que la discrétion fut de mise. Pourtant nous verrons par la suite que les écrits à cette époque sont des preuves qui font mal. Mais le cardinal de Rohan n’étant pas ou faussement dans les confidences de la jeune comtesse, il fut transporté de joie. Il espéra dans le crédit naissant de la comtesse et la pria de négocier auprès de la reine, avec bien sur tous les aménagements convenables, la réconciliation très ardument désirée.
Les démarches eurent pour résultats, la permission au cardinal de se justifier. Il écrivit et obtint une réponse. Dans ce jeu madame de la Motte faisait l’intermédiaire et une correspondance active se trouva établie, entre Rohan et la reine, ce qui fait le jeu de la jeune comtesse en même temps, car épris de sentiments intéressés pour sa majesté.
Quel jeu jouait madame de la Motte, et pour le compte de qui, avait –elle trompé le cardinal de Rohan ? Nous saurons dans un prochain épisode, et ce sera une autre histoire.