L’ISLAM EST-ELLE UNE RELIGION POLITIQUE ?
Nous parlons depuis un moment de l’islam et des différences entres les Sunnites et les Chiites, j’ai voulu en savoir plus et je peux vous en faire partager.
Mais pour comprendre le texte qui suit, un peu d’histoire de cette religion
570 après JC : Naissance de Muhammad (Mahomet), fils d’Abdullah et Amina Waheb, à la Mecque dans la péninsule Arabique alors polythéiste. Il fait partie de la tribu des Hachémites
595 : Muhammad épouse Khadîdja, riche veuve, chez qui il avait été embauché comme caravanier
605-610 : Il prend, l’habitude de se retirer sur le mont Ira, près de la Mecque pour méditer
610-632 : Muhammad reçoit la révélation
622 : Il doit quitter la Mecque, Muhammad et ses disciples, conclue un pacte avec les représentants de Médine et s’y installent. L’hégire (départ, fuite) marque l’ère islamique Année 0
624 : première victoire des musulmans sur les Mecquois
625 : Défaite des musulmans sur le mont Ehud
628 : Muhammad signe une trêve de dix ans avec les Mecquois
630 : Rupture de la trêve et conquête de la Mecque par les musulmans : une amnistie générale est offerte aux Mecquois. Les idoles sont détruites.
632 : Pèlerinage à la Mecque. Muhammad prononce un sermon célèbre qui résume tout son enseignement. Il retourne à Médine ou il meurt.
634 : Abou Bakri, beau-père de Muhammad, devient le premier calife de l’islam. Selon la tradition, il est le premier compilateur du Coran en un volume
634-644 : Omar également beau-père de Muhammad, succède à Abou Bakri. Ce deuxième calife conquiert la Palestine, la Mésopotamie, l’Egypte, et la Perse.
644-656 : Troisième calife : Othman, époux d’une des filles de Muhammad. C’est lui qui a fait établir la version officielle du Coran
656-661 : Ali, cousin de Muhammad et époux d’une de ses filles, Fatima devient le quatrième calife de l’islam, il est le premier successeur de Muhammad considéré comme légitime par les Chiites.
657 : Bataille de Siffin opposant Ali à Muawiya membre de la famille d’Othman
661 : Muawiya devient calife fondant la dynastie des Omeyyades (sunnites), non reconnue par les chiites
Deuxième moitié VII siècle : Gros problème au sein de la communauté musulmane, entre Chiites et Sunnites. Il est principalement causé par des événements liès aux deux fils d’Ali : la renonciation de Hasan au califat au profit de Muawiya en 661. Mais aussi à l’assassinat de Husayn en 680 par les troupes d’omeyyades. Pour les Chiites seuls les descendants d’Ali peuvent prétendre à la succession de Muhammad en devenant imams. Les Sunnites rejettent la doctrine de l’imamat et lui préfèrent celle de calife
EST-ELLE UNE RELIGION POLITIQUE ?
L’islam n’est pas une religion politique, il n’y a pas une théorie de l’état dans le Coran, ni dans le hadith, ni dans les traditions Chiites. Alors qu’il y a des théories chrétiennes de l’Etat : la théologie politique, est une discipline chrétienne ; même si le christianisme n’est pas une théologie politique. Non plus que l’on puisse dire que le judaïsme est une religion politique. Des philosophies juives ont construit des représentations eschatologies, autrement dit des messianiques, mais pas nécessairement politiques, même si elles sont temporelles.
Pour l’islam, c’est la fin des temps qui compte : l’islam est une religion eschatologique, avec des représentations diverses de la fin des temps. Certaines ont pris des formes millénaristes, qui étaient des politiques extrémistes. Côté sunnite, la politique est marquée par la théorie du califat, qui ne relève pas d’une conception islamique de la souveraineté : elle est l’issue de l’ancienne tradition Perse selon laquelle le souverain est investi à la fois, de la sagesse, de la religion et de l’Etat.
Ce modèle a permis à Bagdad l’élaboration d’une théorie politique, qui n’est plus la théorie prophétique ; et contre laquelle les Chiites, qui ont une politique eschatologie, se révoltent sans cesse. Les mouvements d’insurrection chiites, à travers le Moyen Age et même bien au-delà tel celui qui fut fondé par l’Iran moderne au début du XVI siècle, sont des courants qui veulent réaliser par des voix temporelles un destin spirituel ;
Par ailleurs, dans les formes, dans les formes actuelles de révolutions politiques qui se réclament de l’islam, il s’agit bien de politique se disant islamique. La thèse fondamentale de la politique islamique, selon laquelle l’Etat doit avoir pour seul Constitution le Coran, a été élaborée dans les milieux wahhabites, puis intégré dans la conception Chiite de l’imanat par Khomeiny, qui en a fait l’une de ses bases de la révolution. C’est un phénomène contemporain, et qui est très controversé. Mais qui produit le fanatisme universellement repéré : l’islam est politique, tandis que le christianisme est spirituel et le judaïsme l'égalitaire