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REFLEXION ET PARTAGE

REFLEXION ET PARTAGE

Des écrits sur mes reflexions du moment: histoire, philosophie, théologie, mes escapades, mais aussi des textes sur la nouvelle langue française


Sûreté et sécurité

Publié par REFLEXIONS ET PARTAGE sur 13 Mai 2017, 14:06pm

Catégories : #NOUVELLE LANGUE FRANCAISE

Sûreté et sécurité

 Dans la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, déclaration qui est devenue un texte constitutionnel, il est énoncé (article 2) quatre droits naturels (c’est-à-dire antérieurs à toute société, quelle qu’elle soit) et imprescriptibles (qu’aucun gouvernement ne peut effacer) de l’homme : ce sont la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression. Ces droits sont allègrement violés en France et s’ils sont reconnus (et sans limite) aux romanichels, aux musulmans et aux mahométans, aux arabes, aux noirs, etc. ils sont refusés, en France même, aux Français, sauf si ces Français sont aussi du peuple rom, mahométan, arabe, noir, etc. Car ce que redoutent les dominants, ce sont les effets de la résistance à l’oppression, si les Français opprimés décidaient tout à coup, non seulement de la revendiquer, mais encore de la mettre en œuvre ?  

     De tous ces droits, la sûreté est sans aucun doute le plus clair, le moins contestable, le plus facile à comprendre, même si aujourd’hui ce droit que l’on nommait sûreté est appelé sécurité. Dans toutes les éditions du Dictionnaire de l’Académie française, qu’elles soient publiées avant 1789 ou après 1789, le mot est défini de la même manière. C’est « l’éloignement de tout péril, état de celui qui n’a rien à craindre » (1718, 1740, 1762) ; « l’éloignement de tout péril, état de celui qui n’a rien à craindre » (1798) ; « l’éloignement de tout péril, état de celui qui n'a rien à craindre pour sa personne ou pour sa fortune » (1835) ; « l’éloignement de tout péril, état de celui qui n’a rien à craindre pour sa personne ou pour sa fortune, état de ce qui est à l’abri » (1932-35). Les exemples cités pour illustrer ce sens sont éloquents. C’est dormir en sûreté ; il n'y a pas de sûreté à demeurer là ; il n'y a pas de sûreté en ce lieu-là ; la sûreté publique est bien établie ; violer la sûreté publique ; être en sûreté ; mettre son bien en sûreté ; votre sûreté exige que vous preniez telle précaution. Il n’y a pas un seul lexicographe, un seul écrivain, un seul penseur qui donne un autre sens à sûreté que celui des académiciens. Pour Littré (DLF, 1863-1877), c’est « l’état de celui qui n’a rien à craindre pour sa personne ou pour sa fortune » ; et de citer des extraits de Corneille, Molière, Bossuet, Boileau, Racine, Fénelon, Massignon, Montesquieu, Voltaire, etc. qui illustrent ce sens. Dans l’Encyclopédie (d’Alembert et Diderot éditeurs, 1751-1774), publiée plus de trente ans avant la Déclaration, c’est la « précaution qu’on prend dans les affaires et qui met à l’abri de la tromperie » et c’est « le repos, la tranquillité, qui naissent de la confiance », ce dernier sens étant illustré par les exemples « la sûreté des rues pendant la nuit » et « la sûreté des auberges ». Même les jésuites du Dictionnaire universel, dit de Trévoux (1704-1772) s’accordent sur ce point avec les encyclopédistes : « précaution qu’on prend lorsqu’on négocie ou que l’on contracte » et « repos, tranquillité » (exemple : « les lois sont faites pour la sûreté publique »).

            Aux XVIIIe et XIXe siècles, le mot sécurité avait un tout autre sens que celui qui est le sien aujourd’hui : « confiance intérieure, tranquillité d’esprit bien ou mal fondée dans un temps, dans une occasion où il pourrait y avoir sujet de craindre » (Dictionnaire de l’Académie française, 1694, 1762, Féraud 1788, 1798). Peu à peu, le sens moderne se met en place comme dans cette définition des académiciens en 1835 (« confiance, tranquillité d'esprit qui résulte de l'opinion, bien ou mal fondée, qu'on n'a pas à craindre de danger ») ou chez Littré (« sécurité se prend aussi pour indiquer non pas la tranquillité d'un seul homme, mais celle d'un peuple, d'une association, d'une corporation entière »), préfigurant le sens actuel, ce qui a rendu possible que, dans ce sens-là, sécurité se soit substitué à sûreté.

            Tout cela est établi, avéré, confirmé. Mais pas pour tout le monde. Ainsi, sur la chaîne Arte, qui ne vaut pas le sonnet d’Oronte et que personne ne regarde, le jeudi 10 octobre, à 20 heures 40, à la fin de l’émission dite « 28 », où officie une sorcière qui semble avoir été conçue dans les chaudrons du communisme criminel, des spécialistes autoproclamés de « désintoxication » (oui, vous savez, ces commissaires politiques qui prétendent redresser ce qu’ils nomment les erreurs des autres et qui ne font que crever les yeux des quelques malheureux qui sont encore borgnes) ont répété, mais sans rien démontrer, que, dans l’article 2 de la Déclaration de 1789, sûreté ne signifiait pas « sécurité », mais quelque chose comme « état de celui qui est à l’abri de l’arbitraire royal » (et qui ne sera pas enfermé à la Bastille par une lettre de cachet). Jamais sûreté n’a eu ce sens, évidemment, comme le prouvent les extraits de dictionnaires cités ci-dessus. L’un des quatre droits naturels et imprescriptibles de l’homme est bien de ne rien craindre, où qu’il soit, en France ou ailleurs, pour sa personne ou celle de ses proches ou pour ses biens, quels qu’ils soient.

            Pour les commissaires politiques, spécialistes de l’intoxication, de la manipulation, de la désinformation, du bourrage de crâne, donner à sûreté un sens anodin et historiquement clos ne présente que des avantages, dont ceux-ci : infirmer que les droits de l’homme sont violés en France, contrairement à tout ce que les Français voient, constatent, expérimentent, etc. et donner tort à ceux qui prétendent que la sécurité est la première des libertés. Elle n’est pas la première des libertés ; elle est, comme la liberté, un droit naturel et imprescriptible, qui est, hélas, prescrit depuis plus de trente ans. Telle est la réalité que la racaille a pour mission de cacher, sans doute au nom de la grandeur du « service public » et de la défense de M. de Hollande et de la baronne Taubira.

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