Stratégie de l’Action Islamique Culturelle à l’extérieur du Monde islamique
Introduction
Consciente de l'importance de la planification stratégique et la mise en place de politiques générales relevant de ses domaines de compétence, l'Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture -ISESCO- a œuvré, depuis sa création en 1982, à l'établissement de guides d'orientation et de recherche dans les domaines de l'éducation, des sciences, de la culture et de la communication pour répondre aux diverses attentes des sociétés islamiques en la matière. C'est ainsi que l'Organisation, en coordination avec le Secrétariat général de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), a élaboré, entre autres documents de référence, «la Stratégie culturelle pour le Monde islamique», dont la version amendée a été approuvée par la 5ème Conférence islamique des ministres de la culture, tenue à Tripoli en novembre 2007. De fait, la Oumma islamique a grandement besoin d'une stratégie qui permette de coordonner et d'orienter, de manière méthodique, l'action culturelle, eu égard au rôle de plus en plus prégnant que joue la culture dans le développement des Etats membres. Consciente également de l'importance du rôle des communautés et des minorités musulmanes établies en Occident, et partout dans le monde, dans la réduction du fossé culturel qui sépare le monde islamique du monde non islamique, et en vue de les protéger contre la dilution culturelle et la perte de l'identité islamique, notamment les deuxième, troisième et quatrième générations, l'ISESCO a décidé de mettre en place un cadre référentiel de l'action culturelle à l'extérieur du monde islamique que les centres culturels, leurs instituts affiliés et les associations islamiques adopteront comme document de référence. L'ISESCO a toujours accordé une grande attention aux musulmans établis à l'extérieur du monde islamique, qu'ils soient issus de l'immigration ou de souche, en leur consacrant plusieurs programmes éducatifs, culturels, scientifiques et de communication. Dans ses différents plans d'action, l'Organisation prévoit des sessions de formation et des ateliers spécialisés, procède à l'affectation d'enseignants auprès des communautés expatriées et à la publication de livres et d'études traitant de leurs problèmes en tenant compte des valeurs de la civilisation islamique. Dans ce cadre, l'ISESCO a tenu neuf (9) réunions regroupant les présidents des associations et centres culturels islamiques en Europe en vue d'évaluer la situation des communautés musulmanes. La première fut tenue en 1993 à Château-Chinon (France) et la dernière en 2003 à Graz (Autriche). Durant les trois premières réunions, (Château-Chinon, Madrid, Bruxelles) les participants ont appelé à l'élaboration d'une stratégie de l'action culturelle islamique en Occident.
L'ISESCO, s'appuyant sur les propositions des associations et centres culturels islamiques en Occident, a mis au point un document qu'elle a remis à la Commission chargée de la formulation de la stratégie proposée ; celle-ci a par la suite été soumise à la réunion des associations et centres culturels islamiques en Occident, tenue à Zagreb (Croatie, 19-21 octobre 1998) qui l'a adoptée. La stratégie a été également soumise au Conseil exécutif et à la Conférence générale de l'ISESCO puis à la Conférence islamique des ministres des affaires étrangères, avant d'être présentée à la 9ème conférence du Sommet islamique (Doha, Qatar, novembre 2000) pour adoption. Cette stratégie est dès lors un document officiel de l'action islamique commune en Occident. La coopération de l'ISESCO avec les associations et centres culturels islamiques en Occident, a rendu nécessaire la création d'un organe chargé des affaires des minorités musulmanes. Ainsi, en vertu de la résolution de la 28ème session de la Conférence islamique des ministres des affaires étrangères (Bamako, juin 2001), l'ISESCO a créé le Conseil supérieur pour l'Education et la Culture en Occident, appellation qui a été modifiée depuis 2008 pour devenir : Conseil supérieur pourl'Education, les Sciences et la Culture pourles musulmans à l'extérieur du monde islamique. L'action culturelle commune s'est étendue aux musulmans établis à l'extérieur de l'Europe et des pays occidentaux, par la tenue de réunions dans d'autres régions du monde telles l'Amérique latine, les Caraïbes, l'Asie du sud-est et le Pacifique. Compte tenu de cette nouvelle approche, et dans le but de répondre à de nouvelles exigences et englober toutes les communautés et les minorités musulmanes dans le monde, l'ISESCO a revu et corrigé le contenu de l'initiale «Stratégie de l'action culturelle islamique en Occident» en la présentant dans sa version amendée et sous un nouveau titre : Stratégie de l'Action culturelle islamique à l'extérieur du monde islamique. Puisse Dieu nous assister pour le bien de notre Oumma et de l'humanité tout entière..
Partant de cette parole d’Allah : “Achaque communauté parmi vous, Nous avons établi une Loi et une Voie” (La Table servie, V/48), l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture, (ISESCO), convaincue que les nations et les peuples ne sauraient prétendre au renouveau et au progrès que dans la mesure où ils se penchent sur la réalité de leur identité civilisationnelle et élaborent des plans de développement pour leur avenir, et consciente de l’importance du rôle des référentiels culturels stratégiques dans le renouvellement de l’édifice civilisationnel de la Oumah et du rôle de la planification prospective dans le développement des peuples et des civilisations, travaille, en collaboration avec les centres culturels et les organisations islamiques compétentes en vue d’une stratégie à appliquer à l’action culturelle islamique à l’extérieur du Monde islamique. Les motivations qui ont déterminé cette entreprise sont assez nombreuses, les principales d’entre elles sont : 1. Le principe de la différence des civilisations : appelle à prendre conscience des fondements de la paix civilisationnelle islamique, à la protection de l’identité de la civilisation du Musulman contre les méfaits des courants idéologiques, culturels et politiques qui sont incompatibles avec son identité civilisationnelle. 2. La réalisation de l’importance de cette mission : que traduit le souci de définir et d’identifier les projets et objectifs, eu égard aux changements, aux besoins et aux défis. 3. Affirmation du principe de la coopération : la coopération entre les acteurs de l’action culturelle islamique en Occident et la coordination de leurs travaux sont un facteur fondamental dans l’évolution et le développement de la mission assignée aux centres culturels et aux organisations islamiques pour la civilisation. 4. Relever les défis de la Oumah en appelant le monde islamique à remettre en question les fondements, les plans et les objectifs de l’action culturelle islamique. 5. L’action stratégique : Convaincue que les projets civilisationnels n’atteignent leurs buts qu’en fonction de la faisabilité des plans de développement et des stratégies qui s’en inspirent dans leur mise en
Oeuvre, l’ISESCO a élaboré une série de stratégies destinées au monde islamique par les filières des domaines culturel, éducatif et technologique. En croyant fermement que les communautés musulmanes d’Europe forment un élément constitutif important de la Oumah islamique répandue et étalée sur une aire géographique extrêmement vaste, l’ISESCO a tenu, depuis sa création en 1982, à protéger l’identité islamique des communautés islamiques vivant en occident et a ainsi élaborée cette stratégie orientée vers nos communautés vivant en Occident, et visant à la réalisation de certains objectifs parmi lesquels il conviendrait de citer : a) Affirmation du rôle de la culture dans la protection de l’identité culturelle des communautés musulmanes établies à l’étranger. b) Rapprochement des visions et opinions, unification des programmes d’action et consolidation de la coopération entre les acteurs de l’action culturelle islamique en Occident. c) Correction des notions et concepts et définition de la terminologie et conception de nouvelles perspectives de l’action culturelle islamique. d) Etablissement d’une grille de références et de valeurs islamiques ainsi qu’un tableau d’orientations qui guident les actions et dirigent les activités dans le sens de leur protection contre l’aliénation et l’herméticité. Ces principes et objectifs ont permis à la stratégie de prendre pour bases les grandes règles suivantes : 1. La foi : dans ses conceptions et projets, la stratégie se réfère essentiellement aux valeurs islamiques qui font de l’action culturelle un acte dévotionnel et non l’expression de capacités et de techniques, ce qui met en évidence la dimension spirituelle du développement général recherché pour les Musulmans. 2. L’équilibre : son socle est la cohésion entre l’originalité et la modernité, du fait de son oeuvre qui consiste à raffermir les valeurs de l’appartenance religieuse et civilisationnelle d’une part, et à consolider les tendances à l’ouverture aux idées nouvelles de notre époque d’autre part, afin que les liens entre ces générations et leur passé demeurent vivants et pour qu’elles-mêmes ne soient pas dépassées par le train de leur temps. 3. L’universalité : selon laquelle l’édification saine et appropriée de la civilisation d’une société ne peut se réaliser que dans la mesure où l’on a de l’intérêt et de la sollicitude, avec un soin particulier, pour les différents volets de l’activité culturelle, sociale et éducationnelle ; ce faisant, ladite
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universalité ne fera que confirmer le pluralisme des dimensions du modèle civilisationnel islamique. 4. Le réalisme : il part du fait qu’il est indispensable de bien connaître toutes les conditions de la vie des musulmans vivant en dehors du Monde islamique pour pouvoir réaliser un développement culturel global. Cette stratégie, de par son réalisme, est valable, utile et peut être appliquée et adaptée à chacun des pays occidentaux. Si ces stratégies ne paraissent pas plus qu’une sorte d’affiche lumineuse, un agglomérat de principes généraux dirigés, dotés de brefs signaux et de flashs, il n’en reste pas moins vrai qu’elles ne pourront réaliser leurs objectifs qu’à la faveur de plans et de programmes avec la volonté commune de tous les agents qui y sont impliqués de par leur vie professionnelle.