
À treize ans, Jeanne affirme avoir entendu dans le jardin de son père les voix célestes des saintes Catherine et Marguerite et de l'archange saint Michel lui demandant d'être pieuse, de libérer le royaume de France de l'envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône. Dès lors, elle s'isole et s'éloigne des jeunes du village qui n'hésitent pas à se moquer de sa trop grande ferveur religieuse, allant jusqu'à rompre ses fiançailles (probablement devant l'official de l'évêché de Toul).
Elle craint le pillage et les massacres pour son village de Domrémy : les intrusions anglo-bourguignonnes menacent toute la Lorraine. Ses expériences mystiques se multiplient à mesure que les troubles dans la région augmentent mais, effrayée, elle ne les révèle à son "oncle", Durand Laxart (en fait, un cousin qu'elle appelle oncle car plus âgé), qu'à l'âge de 16 ans . Après beaucoup d'hésitations, son "oncle" l'emmène — sans permission parentale — rencontrer Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, forteresse voisine de Domrémy, sous prétexte d'aller aider aux relevailles d'une cousine germaine. Demandant à s'enrôler dans les troupes du Dauphin pour répondre à une prophétie locale qui voulait qu'une pucelle des Marches de Lorraine sauvât la France, elle demande audience à Robert de Baudricourt en vue d'obtenir de lui la lettre de crédit qui lui ouvrirait les portes de la Cour.
Le seigneur local la prend pour une affabulatrice ou une illuminée et conseille Laxart de ramener sa nièce chez ses parents avec une bonne gifle L'année suivante, les Anglo-bourguignons attaquent Domrémy; avec sa famille, elle se réfugie à Neufchâteau. Jeanne tenace revient s'installer à Vaucouleurs en 1429 pendant trois semaines. Elle loge chez Henri et Catherine Le Royer, famille bourgeoise, et la population — avide en ces temps troublés de prophéties encourageantes — l'adopte et la soutient.
Dotée d'un grand charisme, la jeune paysanne illettrée acquiert une certaine notoriété de guérisseuse lorsque le duc malade Charles II de Lorraine lui donne un sauf-conduit pour lui rendre visite à Nancy : elle lui promet de prier pour sa guérison en échange d'une escorte menée par René d'Anjou, le gendre du duc[ Elle finit par être prise au sérieux par Baudricourt après qu'elle lui a annoncé par avance la journée des Harengs et l'arrivée concomitante de Bertrand de Poulengy, jeune seigneur proche de la maison d'Anjou et de Jean de Novellompont, dit de Metz. Il lui donne une escorte de six hommes, liés à Yolande d'Aragon : les deux écuyers Jean de Metz et Bertrand de Poulengy qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son aventure, ainsi qu'un courrier, le messager royal Colet de Vienne, chacun accompagné de son serviteur (Julien et Jean de Honnecourt ainsi que Richard L'Archer). Avant son départ pour le royaume de France, Jeanne se recueille dans l'ancienne église de Saint-Nicolas-de-Port, dédiée au saint patron du duché de Lorraine