EVANGILE SELON LUC: Rencontre de Jésus et du peuple juif : les bergers (Lc 1, 56 - 2, 20)

Les deux naissances,

Rencontre de Jésus et du peuple juif : les bergers (Lc 1, 56 - 2, 20)

1) D’abord les lieux : premier contraste. Pour Jean-Baptiste, Aïn-Karim, banlieue de Jérusalem, la ville royale, la grande cité, celle de David, d’où message de grandeur. Pour Jésus, c’est Bethléem, d’où message d’effacement, de petitesse. Rien de triomphal là-dedans. Pauvreté.

2) La famille, ensuite : deuxième contraste. Pour Jean-Baptiste, famille aisée, bien en vue, nombreuse : parents et amis sont là, ainsi que beaucoup de témoins... Pour Jésus, Marie est toute seule : « Elle l’emmaillota » (2, 7). Pas de témoin. Seule, la troupe des anges. Et seuls, les pauvres arrivent : les bergers, les prolétaires du temps, les romanichels, les laissés-pour-compte, les ‘SDF’ de l’époque.

3) Enfin la naissance elle-même : troisième contraste. Naissance ordinaire : fils de Zacharie et d’élisabeth. Naissance extraordinaire : fils du Père éternel, deuxième personne de la Trinité venue prendre chair chez nous, conçu de l’Esprit Saint qui recouvre Marie de son ombre.

Trois contrastes lumineux pour bien mettre en relief la petitesse de l’Incarnation. Dieu entre dans notre monde par la porte étroite.

Deux notes.

Note sur Bethléem : Normalement, Jésus aurait dû naître à Jérusalem, cité de David (2 S 5, 7-9), cité royale. Mais Bethléem était aussi cité de David. David, berger avant d’être roi, en effet, habitait Bethléem (cf. 1 S 16, 1, 4). Ce n’est que plus tard qu’il choisit Jérusalem. En naissant à Bethléem, cité de David berger, Jésus affirme encore la petitesse de son incarnation. Ligne de pauvreté qui se poursuivra jusqu’à la Croix.

• Bethléem, le Calvaire et Nazareth sont les trois lieux les plus authentiques.

Deux témoignages sur Bethléem :

• Celui de saint Justin (milieu du II° siècle). Il nous apprend que, par haine des Chrétiens, dès la fin du I° siècle, on a installé dans la grotte de la Nativité un culte à Vénus, la déesse de l’amour, avec tout ce qui l’entourait (orgies, prostitution). C’était pour faire pièce au culte de la Vierge et de Jésus, qui se développait déjà.

• Celui de saint Jérôme (347-420) qui habitait tout près de la grotte. Il nous assure que sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin, avait remis vers 330 en état les lieux souillés par les païens. Les représailles contre ce lieu saint constituent un signe très parlant de l’authenticité de ce lieu. Et la résistance de la tradition chrétienne prouve que la réalité de cette naissance s’est bien transmise, et que, très vite, a été organisé un culte en l’honneur de Jésus enfant.

Note sur le chant des anges : La gloire et la paix (Lc 2, 14), deux biens promis aux bergers.

• La gloire, c’est la solidité de quelqu’un – ici, celle de Dieu et de ceux qui vivent de Dieu. ‘Kobod’ en hébreu veut dire ce qui fait le poids. Être glorieux, c’est faire le poids aux yeux du monde. Et ce poids apparaît comme un rayonnement qui attire les yeux et s’impose au regard.

• La paix est la tranquillité, le calme de quelqu’un, ou d’un groupe, ou d’une nation. C’est la communion des êtres entre eux. ‘Shalom’, en hébreu, souligne cet aspect. C’était un grand désir de tous les Juifs, car ils avaient tellement été ballottés, exilés, écrasés.

Les anges souhaitent que Dieu manifeste sans cesse sa gloire, c’est-à-dire sa solidité, et que les Hébreux obtiennent cette tranquillité de vie, absolument indispensable pour avancer